Un hérisson dans une forêt de mots.

Me défoncer les oreilles avec du post rock. Me défoncer les doigts avec les murs. Me défoncer la tête qui étouffe sous je ne sais quoi. Je suis loin. Loin de quoi je sais pas. Près de quoi je ne sais pas. J’ai faim. Besoin de me nourrir, besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin besoin. Je me fais des films dans ma tête où je me défonce les doigts avec les murs, où je pleure en criant, en gueulant, en vomissant ce besoin. Alors je me défonce les oreilles avec du post rock. Ne pas pleurer. Surtout ne pas pleurer. C’est dans quoi ça déjà. Je sais plus. du théâtre. J’ai envie de crier, de pleurer sur scène de dire des choses importantes des choses des choses je vous dirais de ces choses moi, des choses qui me traversent des choses qui me bouleversent. Fuck. Il arrête pas de dire Fuck ce pauvre type dans « Made in britain ». Putain.

Putain.

Ne pas pleurer pourquoi je pleure comme ça putain ? ça coule comme ça. ça monte comme ça. pour rien. pour tout. Pour tout. Je suis fatiguée. Mais tout le monde est fatigué. Tout le monde est fatigué. Je veux écrire sur du papier kraft « tout le monde est fatigué. Je ne vais pas pleurer. ». je me retrouve comme avant. Même musique même lettres même phrases, j’ai dix-sept ans ou quoi. Je n’arrive même pas à finir un livre, à finir un film, à commencer quelque chose. Putain. Putain. Putain putain putain putain putain putain putain A A AAaaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH HHHHH ! 

ça fait dix ans, dix ans que je rêve aux mêmes choses. Des "plusions oniriques", qui viennent, subitement, puis repartent doucement, comme on s'endort. "Comme on s'endort". C'est un peu triste tout de même, Madame. Et puis je ne me lasse pas de retourner dans mon passé, de savourer mes souvenirs, ou plutôt, de tenter de retrouver les sensations de ces instants, retrouver la "moi" d'avant. 

Et puis, à force de tout ça, je me sens vide. Vidée de souvenirs, besoin d'en créer de nouveaux. Mais où ? Comment ? Où aller ? Je veux y aller, je veux tellement y aller. que quelqu'un m'y pousse, bordel ! Mais personne ne le fera, à moi d'être courageuse, adulte, de faire des choix. Un choix. Un tout petit choix enfin. 

En attendant, je contemple Corto Maltese qui contemple l'océan, et je m'endors. 

Ah, si j’avais vingt ans de plus 

Je te dirais des trucs

J’essaierais de te séduire avec des phrases

Si j’avais plus d’ambition, je serais ailleurs que dans ce trou de

Si j’étais plus courageuse

Si j’étais aventurière

C’est dur de chanter au conditionnel

Temps bâtard, temps du trop tard

Pas de temps additionnel

J’ai trop écouté les histoires des gens

Je trouve plus la mienne là dedans

Je l’ai perdue en route, je sais même plus quand

Je la cherche avant de crever

Ce serait con de pas y arriver

 Et ouais.

  Non, les lapins ne tricotent pas. Non, les esquimaux ne sont pas au Pôle Nord. Mais à l'eau. A l'eau. "Allo ? Vous êtes bien sur la boîte vocale de Stéphane Prinale, je ne suis pas là pour le moment, laissez-moi un message et je vous rappellerai ultérieurement. Oui. Stéphane. C'est moi. Alors pour demain, ça ne va pas.être.possible.je dois.m'occuper des, enfants. Voilà, voilà. Milane Milane. Choukti Choukti. Bréviaire Bréviaire." sic. ibidem.

  "Bréviaire Bréviaire"? Ce sont les mots de trop, les mots démons, les mots passe partout.

Comment en suis-je arrivée là ? Comment en suis-je arrivée à ce stade où les mots en sont réduits à se balader en binôme (oui, binôme. Binôme Binôme) ? Comment ? Pourquoi (why) ? Pour quoi (for what) ? C'est ce que je vais tenter de comprendre, avec vous, ici. Entre nous. Comme ça. L'air de rien. L'air du Rhin. La Lorelei. Patrick Juvet ?

Comme dirait l'autre : "Ça va pas être de la tarte, mais on risque de bien se marrer à défaut de se marier."